(Dé)confinement #8 - Agir local, penser global

Nous sommes au bord d'une pandémie de faim", avertit l'ONU. Après avoir été déclarée en faillite en 2011, la ville de Detroit dans le Michigan semble relever la tête. Ce bastion de la techno, fer de lance de l’industrie américaine automobile d’autrefois, est en train d’effectuer une reconversion inattendue. Detroit s’est mis au vert et à l’agriculture urbaine, comme l’explique cet article de Trax Magazine qui redonne le sourire.

Chez On Est Prêt on aime parler des solutions qui sont là, juste sous nos yeux.

Et elles sont nombreuses : faire le choix d'une alimentation durable, encourager la transition agroécologique  de proximité, et participer à une économie solidaire et responsable !

Acheter ses produits alimentaires en circuit court, changer sa mobilité ou même de monnaie, c’est plus simple qu’on ne le croit, et on vous donne plein de moyens d’y parvenir dans cette newsletter, qui clôture ce cycle dédié à la crise du coronavirus et au (dé)confinement. Vous pouvez les retrouver en intégralité sur notre site.

Des champs à nos assiettes

Alors que les prix explosent déjà, va-t-on bientôt manquer de fruits et légumes en France d’ici l’automne comme l’explique cet article de la Relève et la Peste ? Certaines régions du monde risquent d’être encore plus touchées, alerte l’ONG Oxfam, 50 millions de personnes menacées par la faim en Afrique de l’Ouest d’ici à quelques mois.

À l'heure où de nombreuses frontières restent fermées en Europe (comme en Russie où l’exportation de céréales est suspendue) où la main d'oeuvre manque dans les champs et productions agricoles, les questions de résilience alimentaire sont plus que jamais d'actualité. Est-il possible de mettre en place un modèle d'agriculture qui soit durable, respectueux de la biodiversité tout en permettant de nourrir une population croissante ? Voici un état des lieux pour en savoir plus sur la situation actuelle liée à la pandémie du COVID-19 et les modèles et solutions existantes. Lucie Lucas prête sa voix à un texte de Laurie Debove, rédactrice en chef de la Relève et la Peste.

Il y a deux semaines sur notre page Facebook, en partenariat avec la Fondation Elyx, Lucie Lucas et Maxime de Rostolan (fondateur de fermes d’avenir et de la Bascule) présentaient un cycle de lives “Les assiettes du futur” sur les solutions de terrain !

Savez-vous que les engrais utilisés ne sont pas produits chez nous? Que le bon fonctionnement de l’agriculture moderne dépend du pétrole de la production à la consommation ? Que nos agricultrices et agriculteurs ne peuvent plus réparer eux mêmes des machines de plus en plus complexes ? 9 étudiant.e.s en école d'agronomie, engagé.e.s via différents projets dans la transition agroécologique ont décidé de réaliser ensemble une vidéo pour décrypter les impacts du Covid-19 sur le système alimentaire français tout en parlant des solutions. Une bonne manière de compléter et d’approfondir vos connaissances sur le sujet.

Pour vous guider à l’échelle de  votre territoire, voici  quelques liens pour dénicher des  produits locaux et de saison (exclusivement) en circuit-court ;)

Commençons par la bonne vieille méthode : vous rendre au marché ! Renseignez-vous auprès de votre mairie (ou proches) sur les jours et quartiers où il fait halte dans votre ville. Méthode 2.0, repérer sur internet les fermes autour de chez vous, trouver leur site internet, les appeler ou vous déplacer pour aller directement les rencontrer (gestes barrières inclus bien entendu) !

Rendre le bio, et plus généralement les produits sains accessibles peut parfois s’avérer compliqué, on en parlait la semaine dernière dans notre émission live “dessine moi un monde nouveau”. On vous a mis tous les lien des meilleures initiatives et façons de s'approvisionner juste ici.

Du drive-fermier, en passant par différents annuaires, comme celui des magasins de producteurs en circuit court, pour trouver les meilleures semances à côté de chez vous, se mettre à jardiner sur son balcon ou carrément à la permaculture; il y en aura pour tous les goûts, budgets, disponibilité et situations géographiques. Vous êtes prêt.e.s? À vos souris, cliquez !

Les AMAP (Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne). Vous en  avez peut-être déjà entendu parler, sans trop comprendre quel était leur intérêt… C’est très simple !  Le prix du panier est fixé de manière équitable : il permet au paysan de couvrir ses frais de production et de dégager un revenu décent, tout en étant abordable pour le consommateur. Hop hop hop, c’est par ici ! La plus connue n’est autre que celle de “La ruche qui dit oui” disponible partout en France !

Pour finir, même si cette liste est non exhaustive, pour celles et ceux qui voudraient accéder à un type de service plus “urbain” il existe les supermarchés … associatifs ! Un supermarché sans employé.e (ou presque) ni client.e, oui oui, vous avez bien lu. Rien de très nouveau, car figurez-vous que le premier à avoir vu le jour s’appelait la Park Slope à New York dans les années 70. C’est un peu le modèle de référence pour presque tous les supermarchés coopératifs qui ont vu le jour depuis, à commencer par la Louve qui a vu le jour en 2016, dans le 18ème à Paris ! Il en existe plein d’autres désormais, retrouvez-les par ici !

Pour les curieuses et curieux, voici deux vidéos à regarder absolument pour tout comprendre sur ces supermarchés alternatifs !

Avec la pandémie de covid-19, plusieurs initiatives régionales ou départementales ont vu le jour. C’est le cas notamment en Occitanie avec la plateforme en Nouvelle-Aquitaine en Centre-Val-de-Loire et en Haute-Savoie. Renseignez-vous dans votre département ou région, il se pourrait que vous soyez aussi concerné.e !

Des initiatives pour tous les goûts, territoires et budgets (oui c’est important) bienvenue parmi la famille grandissante des locavores !

On vous en parlait dans notre newsletter de la semaine dernière, la crise sanitaire du Coronavirus, se double, dans certains quartiers, d’une crise sociale sans précédent, avec un budget alimentaire qui a été multiplié par trois depuis le début du confinement.

Le collectif ACLEFEU, né au lendemain des révoltes sociales de 2005, organise deux fois par semaine en Seine-Saint-Denis (93), des distributions alimentaires pour les plus démunis, mais aussi pour des “non-habitué.e.s”, très souvent des personnes en arrêt d’activité qui peinent à joindre les deux bouts.

Le magasin bio online La Fourche (allez y faire un tour), ému par la situation inédite en Seine-Saint-Denis où son entrepôt est installé, a décidé de répondre à l’appel du collectif ACLEFEU et de mobiliser ses fournisseurs en organisant une collecte alimentaire d’envergure à destination des plus démunis. En parallèle la Fourche mobilise sa communauté en créant une cagnotte solidaire ouverte à toutes et à tous.

Ou soutenez encore Kelbongoo en rejoignant leur groupe d’entraide sur facebook, pour mutualiser les commandes et distribuer les invendus aux sans abris, encore plus vulnérables en cette période de crise sanitaire. On espère que ce groupe restera actif très longtemps, même après le déconfinement !

Nos restaurants et boutiques de quartiers sont particulièrement impactés durant cette période. Fermés depuis mi-mars, nos commerces ont plus que jamais besoin de notre soutien pour maintenir leur trésorerie à flot et perdurer. Vous pouvez les soutenir grâce à KissKissBankBank, cliquez pour trouver la liste des commerces concernés !

Pour finir on voulait vous parler de Smiile, un réseau social pas comme les autres : local, collaboratif, sans publicité et incroyablement positif ! Renouez avec votre vie de quartier. Coups de main, partages, rencontres, événements locaux…

Jamais un réseau n’a été aussi social !

Je choisis une autre monnaie :

Sortir de l’industrie agro-alimentaire, c’est déjà répondre à une partie de la problématique économique, mais si l’on conjugue à ça, le choix de la monnaie et donc du schéma économique dans lequel on se trouve, vous en dîtes quoi ?

Reprenons l’article du vent se lève dont on vous parlait dans notre newsletter sur le plan de relance: “Je l’avais déjà dit dans un livre écrit avec Gabriel Galand en 1997, il y a deux grands mécanismes de création monétaire : ce que nous avions appelé à l’époque « la monnaie d’endettement », celle massivement créée en contrepartie de l’endettement et dont l’augmentation de l’endettement est une conséquence mécanique de cette logique-là. La deuxième grande méthode pour créer de la monnaie, c’est ce qu’on a appelé « la monnaie libre » : elle peut être créée directement et sans contrepartie d’endettement.”

Cette monnaie libre, sans contrepartie d’endettement existe, et aujourd’hui on a décidé de vous présenter la première monnaie libre au monde ! Elle est basée sur une théorie mathématique et économique “la théorie relative de la monnaie”(TRM pour les intimes), créée par un Français, Stéphane Laborde. On vous laisse découvrir cette monnaie révolutionnaire, avec les deux meilleures vidéos explicatives de la toile à ce sujet, dont une réalisée par Axel Thoby !

La G1, invention française pour le moment disponible en crypto monnaie, c’est un outil d'échange, basé sur un dividende universel. Tou.te.s les membres perçoivent jusqu’à la fin de leur vie chaque jour, la même somme de monnaie. Elle est déconnectée de l’euro, contrairement aux monnaies locales qui sont dites “complémentaires” des monnaies nationales, donc une monnaie basée indirectement sur l’endettement. À l’heure où l’on vous parle, elle compte plus de 2 500 membres (principalement en France). Vous pouvez acheter de la nourriture, des vêtements, plein d’autres produits, même des voitures !

On vous laisse aussi découvrir la vidéo de LeBrice qui vous parle plus en détails de l’intérêt de l’utilisation de cette monnaie en réponse à la dette, de ce qu’elle change sur votre manière de consommer, mais vous invite surtout à  repenser votre rapport au système économique actuel. Elle vient de sortir en réponse à la dernière vidéo de Partager c’est sympa.

“Moi ça fait un an et demi que je suis membre et que je l’utilise et je dirais que ça m’a permis surtout de changer d’état d’esprit, et de me sortir de cette logique de l’asservissement où on a l'impression de pas pouvoir se sortir de ce système. Et que dès qu’on a plus d’argent, on est obligés d’aller bosser pour une entreprise qui fait de la croissance.”

“Et la G1 c’est ça : se donner les moyens littéralement, en créant de l’argent.”

“Ça me donne de l’espoir, ça me donne une porte de sortie”

Bouger local !

La notion d’hypermobilité doit également être revisitée, pour réduire à la fois les risques de propagations de maladies et de pollution atmosphérique. L’obligation faite aujourd’hui à de nombreux citoyens de travailler depuis leur domicile va certainement montrer qu’il existe désormais des moyens de désengorger les centres urbains et de flexibiliser les modes de travail. Nous allons très prochainement pouvoir sortir pour celles et ceux qui étaient confiné.e.s, reprendre certaines de nos activités, mais comment se déplacer? Pour aller jusqu’où ?

Dans une tribune pour Le Monde, de juin 2019, un collectif de médecins dénonce l’augmentation de la fréquence de certaines maladies chroniques et les 60 000 décès par an en France dus à la pollution. Le corona est une maladie respiratoire, la pollution de l’air dans nos villes n’arrangera rien pour les personnes touchées !

« le grand vainqueur du confinement, c’est l’imagination […] C’est le moment dans un monde imprévisible. L’imagination et la créativité doivent être le maître mot. L’urbanisme tactique rentre dans cet état d’esprit. Et l’on espère que l’on pourra mettre en place des solutions créatives et imaginatives, pour la sécurité de tous »  explique Charles Dassonville au journal Le mouvement.

Urbanisme tactique, qu’est-ce que c’est ? C’est le fait de mettre en place et de tester un aménagement de la circulation, afin d’évaluer sa pertinence. Dans ce contexte de coronavirus, cette méthode veut répondre aux besoins de distanciation : pour ne pas surcharger les transports en commun, pour agrandir les trottoirs trop étriqués, pour faciliter toutes les mobilités actives, et pour proposer un autre choix que le tout automobile.

"Vélo, boulot, dodo" !

Les connaisseurs les surnomment les « corona pistes ». En pleine épidémie de Covid-19, plusieurs villes du monde ont mis en place des pistes cyclables provisoires pour faciliter les déplacements à vélo, et proposer ainsi une alternative aux transports en commun ou à la voiture.

Vos gambettes seront ravies de compléter cet exercice par un peu de marche à pied !

Pour les trajets plus longs, dans les villes équipées et trajets possibles en train, vous pourrez privilégier les trajets en transports en commun, avec le respect le plus total des gestes barrières et du port du masque. Et bien sûr, pour celles et ceux qui ne peuvent faire autrement, la voiture restera de mise pour les trajets qui la nécessite.

C’est le moment de ressortir votre vélo poussiéreux de votre garage, ou d’investir dans un vélo de seconde main, accessible pour toutes les bourses sur divers groupes facebook sur le bon coin, ou encore chez des revendeurs solidaires non loin de chez vous !

Pour réparer votre vélo vous trouverez aussi des conseil et des bonnes adresses d’Ateliers de réparation sur le site de la Fédération Française de la Bicyclette (le nom de fédération le plus mignon de France).

Et surtout, c’est l’heure de vous renseigner sur les milliers de projets d’aménagement urbains, de projets de piste cyclable, pour vous aussi vous impliquer dans la #vélorution dont nous avons tou.t.es besoin !

Quant aux vacances de cet été à Punta Cana, vu que c’est raté, on va aussi prendre le temps de revoir notre rapport aux moyens de transports longue distance, et surtout à l’avion. Pour en savoir plus, on vous laisse avec les pros du sujet (rien que ça) : Notre choix. Leur campagne mobilise les citoyen.ne.s et les décideurs pour répondre aux enjeux environnementaux de l'aviation, voyager autrement et faire bouger l'État, et vous pouvez signer leur pétition ici  et la partager à vos proches!

A très vite !

L’équipe Citoyens Reporters / On Est Prêt

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